CAC 40 : La fête des actionnaires !
En ces temps d’abîme symbolique où l’arrogance verbale assermentée ensemence la sauvagerie plantée au cœur de l’humanité, il faut lire pour le croire les propos des cracks du CAC 40 lorsqu’ils se laissent aller.
Faut dire, ils ont de quoi se montrer heureux…
Les grandes sociétés ont en effet dégagé un bénéfice global une nouvelle fois himalayesque pour l’année 2009 :
49 milliards d’euros !
Quelque 320 milliards de nos anciens francs républicains…
Vous avez bien lu. Malgré la crise économique la plus brutale depuis les années 1930, qui a jeté les citoyens du monde entier dans une incertitude historique, seules sept entreprises cotées dans le haut du panier de la Bourse n’auront pas dégagé de profits l’an dernier. À ce niveau, ce n’est plus un exploit, mais bien l’expression mécanique d’un fonctionnement autoprotecteur qui porte un nom : le capitalisme. Mais revenons à nos PDG à la frénésie verbale assumée. Façon stratégie un rien cynique, pour Martin Bouygues : «Dans une période très incertaine, nous allons continuer à améliorer notre trésorerie.» Façon aveu massif, pour Bernard Arnault : «Nous avons mis à profit cette période de crise pour gagner des parts de marché.»
On peut toujours se réjouir de la réussite (?) des entreprises françaises, mais la question est ailleurs. Elle interroge le déséquilibre croissant entre travail et capital, la répartition des richesses, le blocage des salaires, la saignée de l’emploi, etc. Car le scandale des scandales se poursuit comme si de rien n’était. Même La Tribune l’écrit en pointant la contradiction: «Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur les 49 milliards d’euros de bénéfices, ce sont en tout 35 milliards qui vont être reversés aux actionnaires.» Soit un «taux de distribution» évalué à plus de 70 %, ce qui, au regard de leurs benefices, montre que les grandes entreprises françaises ne se sont jamais montrées aussi généreuses pour récompenser les actionnaires… Une honte. Un responsable de la stratégie «actions européennes» (sic) se réjouit que les entreprises en question se soient «adaptées en réduisant leurs besoins en fonds de roulement», en coupant «les investissements lourds», en réduisant les «masses salariales», en arrêtant «certaines chaînes de produc-tion». De belles phrases éloquentes pour une réalité violente : l’enrichissement d’un côté, les sacrifices de l’autre… Officiellement jugée attractive pour les capitaux en raison de sa main-d’œuvre à la productivité quasi record et des cadeaux fiscaux accordés aveuglément, la France sarkozyste est devenue l’un des paradis des spéculateurs !
Face à ces injustices, face au coup de massue sociale et au plan de rigueur que pré¬pare le gouvernement, une majorité de la population exprime son désarroi. Les conflits sociaux salariaux, qui se multiplient, sont d’ailleurs significatifs. Car, pendant ce temps-là, l’Europe, moins solidaire que jamais, craque de toute part tandis que le chômage explose. Les peuples, après le sauvetage des banques, se voient obligés de payer l’addition des dettes sur lesquelles ont spéculé des requins sans foi ni loi. Savez-vous que la totalité de l’impôt sur le revenu collecté actuellement en France sert à payer les frais financiers générés par la dette ?
En Sarkozye, les spéculateurs règnent en maîtres absolus et peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Sur les 49 milliards de bénéfices du CAC 40, 35 vont être rêversés aux actionnaires…